BELXIT : les Colibri font du populisme !
Depuis le BREXIT, pour certains, c’est devenu une mode. Pourquoi pas un Deutchxit ? un Frexit ? un Hongrxit ? Ou encore un Néérxit ? Ca devient même compliqué à prononcer ! Et…un Belxit ? Tentant, non ? Pour ces mêmes personnes, c’est tellement une idée géniale que s’en est presque le Bel20 du baromètre populiste.
Car oui, si encore une fois, ces mêmes personnes se refusent à être traités de populistes du style : « Oh non, c’est très laid », et bien sachez que c’était le mêmes qui quelques années auparavant piétinaient le drapeau belge d’un « Belgïe barst » et les voilà aujourd’hui unitaristes.
C’était aussi elles qui réclamaient une Europe des Nations pour aujourd’hui, le Belxit comme renouveau national belge. Alors, permettez un instant que nous nous arrêtions pour rire avant de reprendre ses lignes…
Voilà, ça va mieux ! Et vous ?
Eh bien, il faut expliquer à ces « néo-populistes » que s’il y a Belxit, il n’y aura plus de Belgique.
C’est justement, notre appartenance à l’Europe qui retient la Flandre de faire sécession et de laisser la Wallonie dans sa misère économique. Faut-il rappeler que le transfert Nord-Sud aura fluctué entre l’an 2000 et aujourd’hui entre 6,1 milliards et 7,1 milliards d’euros annuellement* (Source, cliquez ici), oui mesdames et messieurs mais ça, nos chers adeptes du Belxit ne vous diront pas ou pire, ne le savent pas !
En effet, Bruxelles, capitale européenne avec ses nombreuses institutions, est un poumon économique qui rayonne bien au-delà de ses 19 communes. L’Europe génère des milliers d’emplois directs et indirects.
Un Belxit serait un véritable tsunami économique, sans compter les nombreuses entreprises qui de surcroît délocaliseraient vers d’autres capitales plus attrayantes fiscalement.
Mais l’Europe, c’est aussi un marché économique commun et un espace Shengen qui est largement utile à notre économie belge. Voyez avec l’Eurométropole Lille-Tournai-Mouscron, Anvers, Amsterdam, Cologne, Hambourg ou encore Strasbourg, c’est toute une région transfrontalière qui coopère pas seulement sur un plan économique mais aussi en matière de recherche et développement avec des pôles universitaires et bien entendu des collaborations entre les grands centres hospitaliers frontaliers.
Le Belxit mettrait directement un terme à tout cela et plongerait l’économie Wallonne déjà fragile vers des lendemains très noirs. N’oublions pas que la Wallonie a besoin de pôle de recherche sur des nouvelles technologies, sans cela, sa relance sera impossible.
Pour la Flandre, Bruxelles n’aura plus l’attrait qu’elle a aujourd’hui et elle n’aura que faire qu’une ville dont des millions de mètres carrés de bureaux seront désormais vides, une population à 90% francophone et près de 50% d’une immigration extra-européenne dont on connaît le taux de chômage et la faible formation professionnelle.
Enfin, pour des raisons douanières évidentes, Anvers perdra son attractivité au profit du Havre ou encore de Rotterdam. Dès lors, il faudrait poser la question à ses « néo-populistes » comment vont-ils régler tout cela ?
On le voit, la Belgique n’est ni l’Italie en plein questionnement, et encore moins la Grande-Bretagne. Si cette dernière dispose d’un avantage indéniable, les ponts commerciaux avec les pays du Commonwealth ainsi que d’une économie plus autocentrée, c’est bien loin d’être le cas de notre pays « confetti » qui dépend directement de la santé économique de ses voisins et dont le tissu industriel à fondu comme neige au soleil pour laisser place au marché de services, au commerce et à la recherche et développement.
Bref, nous avons une économie bien plus sensible aux investissements étrangers. Nous sommes donc devenu dépendant et la mondialisation possède un impact direct sur les emplois wallons. Seule, une Europe forte pourrait changer cela. Soyons réalistes, la Wallonie n’arrivera plus jamais à produire des aspirateurs, des poêles de Couvin, des luminaires et des cravates moins chers qu’en Chine ou en Inde.
Pour nos goûters, il n’y a plus de marques comme De Beukelaer, Meurisse ou encore Côte d’Or, nos pro-Belxit vont-ils relancer ces marques face aux géants du secteur agroalimentaire ? Vont-ils ressortir une marque comme Impéria qui produisait des motos et des voitures entre 1904 et 1958 ? Ont-ils l’intelligence d’un Baron Vaxelaire qui ouvrit sa première enseigne « Au bon marché » qui devint GB avant de se faire absorber à 100% par le groupe français Carrefour, et on vous épargne l’historique de nos banques…
Alors, il est vrai que l’Europe va mal et qu’il faut la réformer. Partir d’une page blanche et la réécrire.
Mais cette réécriture doit se faire en toute transparence, bien loin des technocrates et lobbyistes de tous poils. Il faut une Europe des peuples avec des compétences bien encadrées et surtout un vrai visage, des institutions simplifiées et un fonctionnement plus compréhensible et accessible par tous.
Mais soyons honnête, si cette Europe d’aujourd’hui montre ses limites et son incompétence dans certains domaines comme la protection de nos frontières, elle est trop souvent et injustement le souffre-douleur des gouvernements nationaux.
Combien de fois n’entend-on pas déclarer de la bouche de présidents ou de ministres, «Ce n’est pas moi, c’est la faute de Bruxelles ! » Bruxelles tchic et Bruxelles tchac, et bien avec ça : « on va skètér l’baraque » répondent les peuples trompés d’Europe. Et ainsi que l’euroscepticisme met à mal un rêve pourtant réalisable qui laisserait bien pâle certains grands dirigeants de la planète.
Si nos politicards étaient honnêtes, mais ça se saurait, ils expliqueraient que sur beaucoup de dossiers, c’est l’Europe qui est venue à leur secours. Ne fusse que pour garantir la paix au sein même du continent, ou et c’est plus cocasse, dans la relance économique de certaines régions comme la Wallonie.
Car si on parle souvent des transferts Nord-Sud , entendez de la Flandre vers la Wallonie, on occulte les mannes financières que l’Europe a concédée à la Wallonie pour la relance économique du Hainaut, par exemple.
Ces aides ont d’ailleurs été tellement mal utilisées par nos politicards wallons du PS (à l’époque ) que l’Europe s’en est elle-même offusquée.
Si bien qu’aujourd’hui, ces aides sont davantage réservées à l’Italie, la Grèce ou à l’Espagne. Et c’est bien normal, puisqu’en Wallonie, au lieu de développer l’emploi, on a préféré investir dans un Centre de loisirs à Frameries (le Pass) déserté par le public, terminer le chantier pharaonique des ascenseurs de Strépy-Bracquenies qui prit 20 ans et avala 25 milliards de nos francs belges payés par l’Europe, le Fonds Européen de développement régional (FEDER) et du Fonds social européen (FSE) .
Sans toutes ces aides, la Wallonie serait encore bien plus mal.
Mais ça, il est évident qu’aucun de nos politicards va le crier et faire la démonstration de l’incompétence d’un gouvernement wallon à relever seul notre belle région.
Si l’Europe est tant critiquée, c’est parce que d’une part ses institutions sont complexes et bien loin des aspirations populaires, elle semble et ce n’est pas qu’une impression, trop proche des lobbyistes, de la politique américaine et du binôme Franco-Allemand.
Mais aussi, parce que sa feuille de route et ses compétences ne sont pas réellement encadrées et définies.
Un exemple, l’agriculture, il est difficile d’avoir une politique agricole commune alors que l’on sait que la réalité n’est pas la même en Italie, en France ou au Danemark . Elle ne l’est déjà pas entre la Flandre et la Wallonie, alors pensez au niveau d’un continent… D’où la tentation de nos eurodéputés de prêter l’oreille aux multinationales et de prendre le pli de la globalisation.
Il faut donc instaurer un nouveau principe, celui de la subsidiarité. Ce système pyramidal de compétences permettra de garder à chaque Etat membre et à chaque région, ses spécificités tout en dégageant une politique commune en matière d’importation et d’exportation ainsi que des normes de qualité environnementale et autres.
Mais cette Europe, nous l’avons déjà dit, doit être impérativement militaire, énergétique, sociale et économique si les petits Poucet que nous sommes veulent avoir une chance de résister aux appétits des grandes puissances.
Car pensez bien qu’avec un Belxit et un retour au Franc belge, nos crises institutionnelles permanentes et l’absence récurrente de gouvernement, le Bel 20 s’écroulerait et notre monnaie ne serait plus qu’une monnaie de singe.
Et oui, n’en déplaisent aux « néo-populistes » adeptes du Belxit, notre euro reste stable et notre économie a besoin de cette stabilité.
L’Euro coûte cher, disent-ils…
Mais non, l’Euro c’est avant tout une zone économique de plusieurs pays qui doivent impérativement respecter essentiellement trois critères économiques définis par le traité de Maastricht en 1992 comme la maîtrise de l’endettement des États. Alors là, quand on sait comme le gouvernement belge n’a que faire des rapports annuels alarmants de notre Cour des Comptes, il vaut vraiment mieux garder un gendarme comme l’Europe.
Eh oui, n’en déplaise aux partisans du Belxit, il ne faut jamais cracher dans la soupe surtout quand on a du mal à la faire bouillir.
Source : https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_transferts-financiers-nord-sud-la-decrue?id=9654790
