
Les événements du Capitole mettent en exergue le mal profond dans lequel l’Amérique se retrouve plongée. Cependant, il serait trop facile de prendre pour argent comptant la vindicte médiatique et la fronde des élites internationales sur une tragédie qui n’est que la conclusion de plusieurs années de fracture entre deux réalités, l’Amérique populaire et celle du mensonge. Il est dangereux et réducteur de croire que le président est un fou effronté qui incarne le mal absolu contre les gentils démocrates.
C’est pourquoi au PNE, nous avons une autre analyse que celle que l’on nous présente par le canal médiatique de la pensée unique. En effet, croire que seuls les républicains souffrent du mal démocratique par son aile conservatrice est très réducteur. Les démocrates eux aussi, portent une responsabilité sur une insurrection qui ne date pas de la furtive prise du Capitole mais depuis plus de cinq ans. Alors, petite explication.
Souvenez-vous, lors de l’élection présidentielle de 2016, les médias Américains et Européens déversaient une déferlante d’absurdités contre Trump afin de favoriser l’élection de la démocrate Hillary Clinton.
Contre toute attente, cette stratégie va finalement se retourner contre la candidate démocrate. Alors que tous les sondages et les médias prédisaient la défaite de Trump, voilà que ce dernier remporte la victoire. La raison à cela est qu’il va d’une part utiliser les réseaux sociaux pour organiser sa communication et contourner les médias traditionnels et d’autre part, son discours va toucher cette Amérique profonde qui ne se retrouve plus dans les choix de ses élites. Ces dernières assommées par un échec qu’elles n’avaient pas vu venir vont maquiller la défaite de Clinton en complot de la Russie intervenant directement dans le déroulement de la campagne électorale en faveur de Trump. Cela va permettre également aux complotistes, en faveur des démocrates, de ne pas se fâcher avec les réseaux sociaux américains et par la même occasion de les obliger à faire le ménage sur la toile.
Pendant les quatre années de mandat de Trump, la déferlante médiatique ne va pas cesser de faire son procès usant ainsi de chaque faux pas comme des coups de buttoir contre le président. Ce dernier, maintes fois censuré par les réseaux sociaux va une fois encore profiter de cette situation pour galvaniser son électorat. Il est vrai que Trump ne sera pas avare en déclarations tapageuses et en provocations mais ce que les médias prétendent le desservir finit par bipolariser l’électeur. Ainsi le mouvement Black Live Matter qui fait d’une bavure de police à l’encontre d’un délinquant noir américain un acte raciste va finir de couper l’Amérique en deux et conforter le camp Trumpiste.
Mais la fracture n’est pas celle que l’on croit ou du moins, celle que l’on vous présente dans les médias. La réalité américaine est tout autre. Elle n’est pas républicaine contre démocrate dont les derniers, en interne, se cherchent un nouveau souffle. Mais c’est la vision conservatrice contre celle de l’extrême gauche qui gangrène les démocrates. Ce n’est pas l’Amérique blanche contre l’Amérique des blacks mais celle de ceux laissés pour compte par un système bien loin des préoccupations populaires. C’est encore l’Amérique de ceux privés de paroles par les élites intellectuelles et culturelles contre celles des lobbyistes bien-pensants et de la pensée unique. C’est enfin une soif d’exprimer son rejet d’une société malade et décadente contre un appareil médiatique qui casse les identités, les codes et les repères.
Alors, il serait facile de croire comme le souhaitent les faiseurs de vérité, que lors des évènements du Capitole n’étaient que présents que des casseurs, des racistes et des nazis. C’était surtout l’expression de la rage d’un peuple qui souffre et qui représente cette moitié d’Amérique muselée, insultée et trompée. C’est aussi le résultat d’une élection truquée. Peut-être pas par le processus électoral lui-même si on prétend ne pas croire la version du camp Trumpiste, mais certainement par des médias et réseaux sociaux qui chaque jour font un peu plus de leur métier un canal de propagande. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui font de leurs opposants des conspirationnistes et des prétendus ennemis de la démocratie.
Avec certitude, c’est avec ce petit jeu qu’aujourd’hui le visage politique américain s’est polarisé en deux camps plus que jamais opposés. Les démocrates dont Biden n’a pas la carrure d’un fédérateur plongent vers la pensée unique d’une gauche radicale internationaliste et bien-pensante et les démocrates, quoiqu’on en dit, se sont délibérément tournés vers le conservatisme. Ceci pourrait donc donner lieu à de nouvelles tendances et formations politiques et changer ainsi le visage de l’Amérique. Ce qui est certain, c’est que pour l’heure, les USA ont perdu en puissance et se retrouvent considérablement affaiblis sur un plan intérieur mais également extérieur. L’Amérique toute puissante et qui gendarme le monde appartient au passé. Désormais, elle va devoir compter avec les puissances émergentes et se refaire une santé sur son propre sol.
Finalement, le Capitole, c’est un peu le serpent qui se mord la queue, car victime de la bête que l’Amérique a elle-même enfantée.